Le Métavers (ou Metaverse) est sur toutes les lèvres, si bien qu’il semble impacter diverses fonctions en entreprise : marketing, digital, juridique, communication et même les Ressources humaines.
La pandémie a certes contraint de rester chez soi, elle a également permis l’adoption de nouvelles méthodes de travail. Le télétravail et l’utilisation d’outils de type visioconférence sont devenus monnaie courante. Si les RH ont dû se réinventer, cela ne sonne que le début d’une nouvelle ère. Depuis près d’un an, le Métavers et ses diverses plateformes tendent à se démocratiser. Les conséquences sur les employés et les RH sont plurielles : nouvelle expérience collaborateur, approche inédite du télétravail, recrutement et formation à distance, ainsi que l’avènement de nouveaux métiers et de nouvelles compétences.
Comment le Métavers transforme-t-il les Ressources humaines ?
MetaDays vous livre les premières avancées et prospectives en la matière.
Révolutionner l’expérience collaborateur avec le Métavers
Les employés des entreprises ont massivement adopté le télétravail, si bien qu’il est désormais nécessaire de mettre en place des outils pour leur garantir efficacité et productivité. Si les Trello, Slack et autres Teams font désormais partie du vocabulaire commun, le mot Métavers (ou Metaverse) tend lui aussi à se démocratiser. Les différentes plateformes incarnant le Métavers peuvent reproduire l’entreprise et les bureaux en 2D ou en 3D. Par ailleurs, déplacer son avatar permet de rejoindre des emplacements où s’ouvrent des conversations vidéos. Il est donc tout à fait possible de switcher de son avatar à sa personne « réelle » via une visioconférence classique, depuis le métavers.
Afin de créer ou recréer du lien, des entreprises ont décidé de proposer aux employés de se réunir dans un métavers (the Sandbox, Decentraland, ou autre Métavers sur mesure). C’est le cas de Jamespot, créateur de réseau social pour les entreprises, qui a lui-même créé son métavers en 2D (inspiration jeux des années 90 garantie !). La plateforme de réalité virtuelle est destinée à la rencontre entre employés, ces derniers étant dispersés dans l’hexagone. Les collaborateurs affirment que via cet espace et l’aspect jeux-vidéo en émanant, cela recrée du lien social.
Selon le Work Trend Index 2022 de Microsoft, 57 % des employés travaillant actuellement totalement à distance voudraient continuer en mode hybride. A contrario, 50 % des employés aujourd’hui en travail hybride envisagent de passer au 100 % distanciel (33 % en France). De quoi conforter dans l’idée que proposer de se réunir dans le métavers et maintenir le télétravail peut être excellent.
Enfin, un employé plus heureux aura tendance à travailler davantage, et à asseoir une meilleure relation client via des actions plus efficaces. En somme, grâce au métavers une bonne expérience collaborateurs engendrerait une meilleure expérience client.
Le Metaverse à la rescousse des boss ! Les compétences de leadership sont de plus en plus axées sur les soft skills comme la flexibilité. Grâce au métavers, des dirigeants pourraient axer le développement de ce type de compétences, via la gamification de scénarii d’entreprises classiques. Les chefs d’entreprises peuvent donc s’entraîner à faire face à des situations jugées complexes, tout en restant dans un univers de test leur permettant de s’améliorer et de développer de nouvelles compétences.
Un nouveau visage pour la formation grâce au Métavers
Lors des confinements successifs, les formateurs ont dû se réinventer et trouver divers moyens pour capter l’attention des collaborateurs en formation. Difficile de faire une énième visioconférence et en plus de devoir transmettre des messages clés à ses collaborateurs. Aussi, le Métavers s’avère être un excellent espace pour diversifier l’enseignement. Cet espace virtuel peut recréer des situations et des lieux aisément. Par ailleurs, il peut apporter plus de divertissement : projection de vidéos, jeux pour s’entraîner, visio, etc. Pas besoin nécessairement de casques de réalité virtuelle pour entrer dans un métavers. Les avatars peuvent être déplacés à l’aide du clavier tout simplement. La gamification est un excellent moyen pour apprendre, que cela soit à des enfants ou à des adultes. Franck Desvignes, directeur de l’open innovation chez Axa, a d’ailleurs affirmé « Nos salariés ont envie, aussi, de collaborer dans ces univers. Ils sont sur Teams toute la journée. Ils ont peut-être le souhait de participer à des activités plus ludiques », imaginant que les équipes tech seraient probablement les premières à tester ces usages, pour de la formation ou de la collaboration.
Par ailleurs, de nombreuses écoles se sont mises à la formation dans le métavers. Leur volonté : maintenir l’attention d’élèves exposés à des millions de messages en permanence et agrippés à leurs téléphones et ordinateurs. De plus, cela permet de réaliser des démonstrations à la limite du réel !
Une entreprise anglaise a d’ailleurs créé un métavers dédié à l’enseignement des Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques. Il s’agit d’un format hybride entre plateforme d’apprentissage et expérimentations pratiques pour diversifier l’accès à ce type d’enseignement. En 2022, l’université Stanford a également dispensé ses cours de communication auprès de 263 élèves depuis un métavers. Les élèves se disent ravis de l’expérience et auraient appris davantage.
Dans un autre registre, des sociétés issues du secteur de l’industrie, et dont les formations en maintenance sont le quotidien, ont rapidement compris que faire des formations virtuelles avaient bien des avantages : réduction des risques, entraînement à l’infini, aspect ludique dans l’apprentissage, et simulation d’expériences ou de phénomènes dans un monde virtuel pour apporter des solutions aux problèmes du monde réel.
En somme, les Ressources humaines comme le corps enseignant ont bien du pain sur la planche. Toutefois, une fois cette technologie mise en place et bien maîtrisée, les effets sur les collaborateurs et le business ne seront que positifs.
Recruter autrement dans le Métavers
Nombreuses sont les entreprises françaises et internationales l’ayant compris : recruter dans le Métavers peut s’avérer une expérience enrichissante tant pour le recruteur que les candidats. La cause : il faut donner envie d’intégrer une entreprise ! Faire passer des messages via un univers virtuel permet de se faire entendre, cela étant inédit. S’il s’agit d’une première étape dans le recrutement et l’accès à un emploi, les RH insistent sur le fait qu’il reste important, à bien des égards, de voir les candidats finalistes physiquement après. Carrefour a organisé une session de recrutement de profils tech dans le métavers (ou Metaverse). Prouvant son envie d’innover aux candidats, cela a permis de créer un premier échange avec de potentiels futurs collaborateurs. Attirer les profils techniques via le Métavers peut être un excellent biais. Par ailleurs, ce sont eux qui travailleront ensuite sur l’évolution de ce type d’outils au sein des entreprises. Les profils IT se font rares, aussi, un événement pour recruter dans le Métavers peut générer une bonne image et être bénéfique pour la marque employeur. Enfin, cette session permet d’optimiser la suite du processus de recrutement, en faisant une première sélection de profils, à rencontrer ensuite individuellement. En réel, ou en virtuel, à vous de choisir ! 😉 Une nouvelle manière d’accéder à l’emploi !
Un deuxième pan du recrutement dans le métavers s’avère intéressant pour les candidats : l’élimination des biais ! De nombreux éléments, non perceptibles dans les avatars, viennent perturber le recrutement. Aussi, les entreprises mettant en place une première interaction dans le métavers sont sans doute plus ouvertes d’esprit. Il ne sera peut-être pas rare de voir défiler des candidats pour un emploi déguisés en licorne ou arborant une crête de punk ! Les RH pourront tout aussi bien modifier leur avatar et se faire passer pour des femmes ou réciproquement.
Dénicher de nouveaux métiers et compétences : un défi pour la fonction RH
Si les RH pensent à diversifier leurs méthodes de recrutement, elles sont également conscientes que l’arrivée du Web3 et des technologies de type Métavers va nécessiter de nouvelles compétences et talents.
Des écoles ont compris qu’il fallait former la nouvelle génération tech dès maintenant. Aussi, il existe d’ores et déjà des écoles dédiées à l’IA et au métavers (comme le Métavers Collège). Ces élèves incarnent déjà les métiers et talents de demain :
- Ingénieur en Web 3
- Créateur d’avatars
- Métavers product manager
- Chef de projet métavers
- XR developper
- Manager cryptomonnaie, NFTs et metapatrimoine, etc.
Si ces métiers peinent encore à entrer dans le vocabulaire commun, les chefs de projet innovation et digitaux des entreprises n’ont pas attendu pour bûcher sur la question. Nombreuses sont les petites et grandes entreprises à se poser la question des investissements dans le Web3 et le Métavers, et à mobiliser des équipes projets. À commencer par l’IT qui, petit à petit, adaptera les équipements des collaborateurs en ce sens. Ce n’est pas pour aujourd’hui, mais cela peut arriver plus vite qu’on ne le croit ! Il est important que les entreprises et les ressources humaines s’interrogent dès maintenant sur les compétences nécessaires à l’entrée dans le métavers, afin de ne pas saisir le train trop en retard !
Le métavers rentre petit à petit dans le vocabulaire, même si certains se posent encore la question de sa définition exacte et ce que représente vraiment cette forme de réalité virtuelle. S’il est parfois difficile de cerner ses infinités de possibilités, les ressources humaines ont compris que leur avenir et celui des collaborateurs pourrait s’écrire dans le métavers et transformer leur fonction. Chamboulement des méthodes de travail, recrutement 3.0, formations plus ludiques, et création de nouveaux métiers et d’un nouveau regard sur l’emploi, cela n’est qu’un maigre aperçu des opportunités business et humaines qu’offre le Métavers.